Je vous ai traduit un article sur un autre chien renifleur… un lointain collègue de Rocky, qui a un métier bien particulier. Il n’y a pas que les chiens détecteurs de punaises, il y a aussi …

Les chasseurs d’excréments: comment des chiens renifleurs d’excréments aident les orques

Des échantillons de crottes nous apportent des informations essentielles pour comprendre les problèmes que peuvent avoir les orques.

Ecrit par  Brooke Jarvis, traduit par Julie Gaultier, L’article original est ici 

Le chien renifleur conduit le bateau, et les humains à bord sont sceptiques quant à la direction que prend l’embarcation. Tucker, un chien croisé labrador de neuf ans, est un détective improbable pour résoudre une énigme aux enjeux importants : la baisse significative du nombre d’orques dans nos océans. Il cherche une aiguille dans une botte de foin – une petite boite remplie d’excréments d’orques qui flotte quelque part dans l’immensité du Détroit de Juan de Fuca dans le Nord de l’état de Washington.

Grâce à son attitude corporelle – ses va et vient le long de la prou, où il se penche, l’angle de son nez – il indique à son maître chien, Liz Seely, et à Deborag Giles, aux commandes, ou diriger le bateau. Tucker semble sure de lui. Pourtant il nous montre la direction opposée du dernier endroit ou nous avons vu la boite flottante, juste avant de la lâcher pour tester les capacités du chien renifleur.  »C’est très embarrassant » – Seely a avouer avoir pensé tout du long…

chien renifleur

 

Mais tout d’un coup, voilà la boite juste devant nous, qui flotte à la surface de l’eau, exactement là où Tucker pensait qu’elle serait. Le vent et le courant l’ont bougée très loin de là où nous l’avions placée, mais Tucker a détecté l’odeur à plus d’un demi mile nautique de distance. Il est récompensé par des applaudissement et son objet préféré : sa balle ! Il aboie, il pleure, il tourne en rond, il la lance la balle par dessus bord. Il est tellement heureux qu’on pourrait croire qu’il danse.

Mais ceci n’est pas un jeu. Les excréments que Tucker chasse dans l’océan appartiennent à une famille d’orques en danger : les Résidents du Sud – un groupe d’orques génétiquement et comportementallement bien distinct – et dont la population baisse tous les ans. Les scientifiques à bord pensent que l’incroyable flair de Tucker pourra les aider à comprendre ce qui affecte les orques pour ensuite les aider.

Nous n’aurions pas du douter de Tucker. Il a déjà passer plus de 2000 heures sur l’eau et à trouver des centaines d’échantillons – certains à plus d’un mile nautique de distance, et une fois 45 minutes après que le groupe d’orques soit passé. Tucker peut aussi détecter les excréments d’autres espèces : le carcajou, l’iguane vert, les cerfs. Ces dernières années, il a passé tous ses hivers dans la neige d’Alberta, à chasser des crottes de loups et de caribous.

Ici dans la mer de Salish, les échantillons récoltés proviennent de 82 individus différents, appartenant à 3 groupe (certains scientifiques disent 81 car un des orques n’a pas été vu avec sa famille depuis cet été). Les Résidents du Sud ne se reproduisent pas avec d’autres espèces d’orques, et ils ont un langage unique, et leur propre source de nourriture. C’est le groupe d’orque le plus étudié dans la monde, mais il reste encore un mystère. On ne sait pas où ils vont l’hiver, ni quand et comment ils meurent, ni pourquoi il y a si peu de naissance.

 »L’orques est un exemple fantastique d’espèce en voie de disparition » explique le Dr. Samuel Wasser, qui dirige Le Centre de Conservation Biologique de l’Université de Washington’, et qui a lancé le programme de Conservation Canines dans lequel Tucker et ses collègues canins (des chiens sauvés de refuges) ont été dressés.

chiens renifleurs

 

Les orques ont de nombreux éléments contre eux :  »on ne voit presque jamais un seul élément responsable d’un problème – il y a toujours beaucoup de paramètres à prendre en compte ». Une de ces paramètre serait la diminution importante de leur source principale de nourriture : le saumon Chinook. Ensuite, il a le stresse causé par les bateaux : à tout moment, il y a une moyenne de 40 cargos plus long qu’un stade de foot, qui avancent dans les territoires des orques. Les orques sont également dérangés par les touristes qui viennent les observer. Ils ont leurs propres paparazzis, ce qui gêne leur chasse et diminue l’efficacité de l’écholocations de nourriture.

Et il y a l’impact des produits chimiques toxiques, des PCB, produits anti-inflammables, qui s’accumulent dans le gras des orques et diminuent le taux de spermatozoïdes et leur résistances aux maladies, en plus de déséquilibrer leur taux hormonal et processus de développement.

Les orques font partis des plus grands prédateurs du monde marin, et ils ingèrent toutes les toxines qui se sont accumulées dans la chaine alimentaire avant eux. Ils ont donc un des taux de toxine les plus élevés de tous les animaux.

Un des autre problème est la consanguinité. Dans les années 60 et 70m des aquariums et parcs aquatiques ont choisi les Résidents du Sud pour leurs collections. A l’époque, il y avait beaucoup plus d’individus. Un tiers de la population à pu être capturé, ce qui a réduit de manière drastique la diversité génétique des orques. Il est très difficile de savoir quels problèmes ont quels effets. Des chercheurs, Wasser explique, ont déjà essayé d’analyser le souffle des orques, ou des tissus en faisant des biopsies. Mais les excréments, Wasser dit, est  »la source d’information la plus accessible, et la plus riche en informations ». Et c’est là que le chien renifleur Tucker intervient..

 »Les excréments ont toutes les informations – ils contiennent des hormones de nutrition, de reproduction, et de stress. Toutes les toxines sont dedans. Il y a l’ADN de l’individu, l’ADN des proies qui ont été ingérées. Vous pouvez avoir une vue d’ensemble très complète grâce à un petit prélèvement. Avec beaucoup de prélèvement, vous pouvez commencer a recenser comment différents facteurs peuvent affecter la santé des animaux, et comment ils interagissent. Espérons que nous pourront découvrir quels changements nous devons effectués pour avoir un maximum d’impact positif. »

Durant l’été, les chercheurs sortent tous les jours à la recherche de crottes d’orques. Les excréments sont tous différents – certains coulent rapidement, rendant la récolte impossible, d’autres flottent pour plus d’une demi heure. Ils peuvent être marron, beige, jaune, vert, ou mouchetés de sang. Un des volontaires se souvient qu’un des échantillon ressemblait à de la soupe d’oeuf avec de corn flakes au chili. La consistance ressemble à des lentilles cuites, et la taille varie d’un petit pois à une crêpe. Parfois cela ne sent presque rien, et d’autres fois l’odeur est vraiment nauséabonde.

Les échantillons nous ont apportés de nouvelles informations : par exemple, avant, on ne savait pas qu’une femelle était pleine jusqu’au moment où l’on voyait le petit – un fait assez rare ces dernière années. Les hormones présentes dans les crottes d’orques nous ont démontrés que beaucoup de femelles étaient pleines : le problème est que les grossesses n’arrivent pas à terme. Cela peut être du au toxines, ou la consanguinité. Au sein d’un même groupe, Wasser explique que 10 des dernière 11 naissances sont des mâles – c’est souvent le cas quand il y a des problèmes de consanguinité car les femelles sont rejetées car trop similaires à leur mères.

Wasser pense que même si le stress lié aux bateaux, et les problèmes dus aux toxines ont des impacts importants sur les orques, le plus gros problème reste la manque de nourriture. Le taux de stress chez les orques est au plus haut quand il y a le moins de poissons. Mais tout a un impact sur tout : les toxines affectent le métabolisme, et quand il y a peu de nourriture, les orques brûlent de la graisse, ce qui libère encore plus de toxines dans leur sang. Idéalement, tous ces problèmes devraient être traités : les bateaux doivent être régulés, les poissons retrouvés, les toxines nettoyées…

Les Résidents du Sud sont face à un futur incertain : un futur difficile à imaginer quand on observe leurs acrobaties aquatiques d’un bateau de touristes. Mais là encore, Tucker a un rôle à jouer : il est devenu une attraction à lui tout seul, et fascine les touristes du monde entier qui le regardent travaille. Il insiste les tours opérateurs à parler des orques, et de leurs problèmes, et à sensibiliser toute une génération sur les problèmes écologiques de notre planète.

Dans la marina, une femme reconnaît cette célébrité locale :  »C’est Tucker ? Le chien des orques ? » – et elle demande si elle peut avoir une photo avec lui.  »Nous n’avons pas planifié ceci » explique un des chercheurs en riant –  » cela arrive tout le temps »