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Ci dessous la retranscription de l’émission sur les punaises de lit et autres parasites dans l’émission   »La tête au carré » de France Inter, animé par Mathieu Vidard. Je n’ai gardé que les parties sur les poux, les puces, et les punaises de lit (en dernier)

 

« Poux, tiques, punaises de lit, acariens… un véritable problème de santé publique »

punaises

M. Vidard  : Grattage assuré cet après-midi à l’écoute de l’émission puisque nous allons explorer ensemble le bestiaire des parasites qui ont pour habitude de coloniser nos cheveux, nos poils ou notre peau. Vous les connaissez très bien ! Ils s’invitent souvent au cœur de nos familles et notre souhait le plus cher est de les voir décamper au plus vite en procédant à une élimination sans pitié. « La tête au carré » vous parle aujourd’hui des poux, des tiques, des puces et des punaises pour comprendre comment ces parasites de quelques millimètres seulement parviennent à nous coloniser et nous empoisonner la vie. Et pour en parler et répondre à nos questions, qui arrivent déjà sur le site de l’émission, je suis avec le Docteur Arezki Izri et le Professeur Olivier Chosidow. Bonjour à tous les deux.

A. Izri et O. Chosidow  : Bonjour !

M. Vidard  : Bonjour Docteur Izri. Vous êtes avec nous en studio, vous êtes entomologiste médical et parasitologue, chef de service de l’unité de parasitologie et mycologie de l’hôpital Avicenne à Bobigny ; Insectes, parasites et champignons n’ont donc plus de secret pour vous. Et à vos cotés, par téléphone, donc le Professeur Chosidow : vous êtes en ligne avec nous depuis l’hôpital Henri Mondor à Créteil. Vous êtes chef du service de dermatologie et vous êtes également président de la société française de dermatologie.

(…)

O. Chosidow  : (…) les poux peuvent également transmettre des maladies infectieuses notamment les poux de corps, une variété de typhus, de triste mémoire, mais aussi une bactérie qui est responsable d’une maladie infectieuse qu’on connaissait bien pendant la première guerre mondiale : ‘la fièvre des tranchées’ mais qui peut toucher désormais l’homme urbain. On l’appelle même ‘la fièvre des tranchées urbaine’, du moins dans certaines situations de grande précarité chez des patients qui ont un alcoolisme important. Ceci avait été bien décrit par le Professeur Didier Raoult et son équipe il y a quelques années à Marseille.

M.Vidard  : Docteur Izri, la peste aussi ?

A. Izri  : La peste, qui était transmise par les puces, qui a aujourd’hui beaucoup reculé mais qui existe encore dans certains pays dans des régions par exemple où il y a un peu d’instabilité, de grande pauvreté, il y a encore quelques cas, quelques foyers.

M.Vidard  : Vous pensez à quels pays en particulier ?

A. Izri  : Je pense en particulier à quelques pays d’Afrique noire mais aussi d’Asie. Il y a eu quelques cas en Amérique latine.

M. Vidard  : Donc Olivier Chosidow, évidemment, ces parasites sont parfois embêtant, d’autres très handicapant mais certains sont vecteurs de maladie, ce n’est pas le cas de tous mais effectivement…

O. Chosidow  : Absolument. Donc, si vous voulez, je crois qu’il faut séparer certaines situations particulières mais de manière générale, les parasites, s’ils sont bénins en termes de mortalité, ont un impact psychologique et social majeur notamment pour les punaises de lit, dont on reparlera, qui constituent un véritable fléau au fond d’une certaine manière pour la santé et pour l’habitat.

M.Vidard  : Docteur Izri, quels sont les parasites pour l’homme que vous surveillez le plus, en tout cas qui sont les plus problématiques aujourd’hui ?

A. Izri  : Si on reste dans le domaine des ectoparasites, c’est-à-dire des parasites de la peau et des phanères, ce que nous voyons le plus en France métropolitaine, c’est peut être en premier les poux que nous observons chez pratiquement, allez on va dire que tous les français y passent au moins une fois dans leur vie, rares sont ceux qui y échappent. Après, vous avez effectivement la galle, le sarcoptes, l’agent de la galle, où on voit de plus en plus d’épidémies. Des épidémies qui touchent non seulement les gens en état de précarité mais qui touche aussi abondamment les personnes âgées ; on a de vraies épidémies dans les centres de gériatrie, dans les hôpitaux long séjours où les gens restent longtemps, dans certains centres de psychiatrie et qui maintenant touchent aussi les jeunes, notamment les écoles, les lycées comme je le disais tout à l’heure. Donc çà, c’est un deuxième agent, un deuxième parasite très fréquent. Après, le Professeur Chosidow vient de rappeler les punaises, alors les punaises on en voit de plus en plus c’est catastrophique. Paris, je ne sais pas s’il y a un arrondissement qui est épargné, la banlieue aussi. Les Etats Unis ont été très largement touchés.

M. Vidard  : Jean-Pierre nous dit ceci : ‘deux années de suite ma maison a été infestée par des puces de mon chat et en plus ces puces m’attaquaient les mollets avec voracité, je pensais que les puces du chat ne s’attaquaient pas à l’homme.’ Docteur Izri ?

A.Izri  : Si si, les puces du chat peuvent s’attaquer à l’homme, en réalité lorsqu’il y a, par exemple, une pièce qui est un peu abandonnée et qui est ouverte quand même au chat, les puces quand elles se nourrissent sur le chat se laissent tomber sur le sol pour aller pondre. La larve va se développer au sol et à un moment donné, elle se transforme en nymphe comme une chrysalide et là, la puce reste en attente et dès qu’il y a un hôte, il y a éclosion ; c’est-à-dire que la bête sort de la chrysalide et peut sauter sur l’hôte qui passe. Çà peut être un humain bien entendu, on a vu çà à plusieurs reprises. J’en ai moi-même été victime une fois dans le sud de la France, j’étais en train de faire un travail sur une autre maladie et on est arrivé dans une habitation : mon jean qui était bleu est devenu marron. En fait, elles étaient là en attente et elles sautent sur le premier hôte qui vient c’est terrible.

M.Vidard  : Monica demande : ‘Comment éradiquer les puces ? Ma fille est allergique, c’est très embêtant pour moi.’

 A. Izri  : Et bien, vous avez compris puisque les œufs et les larves sont au sol, il faut surtout nettoyer ce sol, le laver sérieusement, éventuellement mettre un insecticide. Quant au chat, il existe d’excellents produits maintenant pour traiter les chats.

Et voici ci dessous la partie de l’émission qui parle des punaises de lit : 

 M.Vidard  : Professeur Chosidow, des questions également sur l’infestation des punaises de lit, on en a parlé très rapidement tout à l’heure. On assiste a une expansion au niveau mondial visiblement, comment est-ce qu’on l’explique ?

O.Chosidow  : On l’explique par plusieurs choses. D’une part certes les punaises sortent du parquet pour aller piquer la nuit, ce qu’on appelle la diffusion active. Elles ont aussi une espèce de dissémination passive puisque lorsqu’on voyage, et dieu sait si on voyage facilement souvent par train, par bateau, par avion, dans des hôtels et des cabines de bateau les punaises rentrent dans les valises et sont ainsi importées dans les pays d’origine, si bien qu’ aujourd’hui, il y a en effet des maisons entières qui sont infestées. Pour vous dire, le poux a besoin de plusieurs repas sanguin pour survivre et s’il n’a pas ces repas sanguins, au bout de quelques heures voire quelques jours, il va mourir. En revanche, la punaise de lit est extrêmement résistante et cynique puisque après un repas sanguin, elle peut survivre, hiberner d’une certaine manière, pendant 1 à 2 ans. D’où la difficulté à la fois de l’éradiquer complètement et en plus elle se cache très bien sous les lames de parquet. Elles aiment l’obscurité et c’est pour çà que très souvent, elles vont sortir de leur cachette et vont venir piquer la nuit.

M.Vidard  : Et alors comment est-ce qu’on peut lutter ? Comment s’en débarrasser ?

A. Izri  : Je voudrais ajouter un point qui me parait important : le punaises sont des insectes nocturnes qui ne sortent que la nuit pour piquer le dormeur donc elles sont principalement autour du dormeur, dans le matelas c’est là qu’elles se cachent, dans le sommier, les meubles autour du dormeur. Et très souvent les gens qui sont parasités jettent ces meubles-là, çà c’est un reflexe naturel mais en même temps ces meubles sont parfois ramassés par des gens plus pauvres ou par des revendeurs d’occasion donc ces meubles quand ils arrivent dans une  maison arrivent avec des punaises. Voilà, alors maintenant pour lutter contre c’est plus compliqué à dire en quelques minutes, je pense que la première des choses c’est de nettoyer soigneusement son matelas, ses meubles en passant l’aspirateur. Il existe aujourd’hui des appareils qui permettent de délivrer de l’air chaud qui permet de tuer, de cuire en quelque sorte, et les œufs et les punaises. Après, les insecticides c’est autre chose, c’est beaucoup plus difficile à manipuler et c’est résistant.

M.Vidard  : Professeur Chosidow, sur ce point ?

O.Chosidow  : Je voulais également donner d’autres facteurs qui expliquent la diffusion des punaises de lit dans le monde. D’une part les punaises et les poux ont acquis une résistance aux insecticides, si bien que malgré leur emploi, elles survivent. Il est possible qu’il y ait des modifications écologiques et que la disparition des cafards de nos cuisines et salles de bain, qui constituaient des prédateurs pour les punaises, en soit également la cause.

M.Vidard  : Vous nous dites qu’il faut élever des cafards dans notre cuisine ?

O.Chosidow  : Non je n’irai pas jusque là ! Juste pour vous dire que les disparitions écologiques peuvent avoir des effets néfastes. Et enfin, je voudrais dire que ce qui est difficile avec les punaises, c’est que lorsqu’on est piqué il y a une réaction allergique et certains ne sont pas du tout allergiques. Donc on peut très bien dormir dans le même lit, certains vont être couverts de piqures et d’autres non. C’est la punaise qui vous choisit ce n’est pas vous qui choisissez la punaise ! Et parfois il peut s’écouler plusieurs mois entre le moment où l’on va commencer à être piqué et le moment ou le diagnostic va être évoqué. Il va falloir aller chercher extrêmement finement les punaises qui se cachent et on en est même aux Etats Unis, même en France, à élever des chiens renifleurs.

M.Vidard  : Alors justement, il y a une question de Marie qui nous parle de ces chiens renifleurs. Est-ce que c’est un bon moyen de lutter contre les punaises de lit ?

O.Chosidow  : Alors, ce n’est pas un moyen de lutter. C’est un moyen de dépistage et puis après il faut trouver les moyens de la lutte mais si vous voulez. La première étape, manifestement, parce que moi je n’en ai pas l’expérience personnelle, et l’expérience semble assez intéressante ; donc les chiens vont aller renifler là où il y a des punaises et on va pouvoir à ce moment-là opérer une stratégie qu’on appelle en anglais ‘Search and destroy’ c’est-à-dire trouver et tout détruire. C’est-à-dire que l’idée est de ne pas laisser une seule punaise vivante dans le lieu d’habitation ou le lieu de vie.

M.Vidard  : Docteur Izri, pour terminer sur les punaises de lit ?

A. Izri  : Pour les chiens renifleurs, c’est assez impressionnant. J’ai déjà été accompagner la personne, il y en a une seule en France qui fait çà : c’est une société qui s’appelle Dogscan. Et effectivement, le chien est remarquablement bien dressé, la moindre punaise, il vous la détecte. »

DogScan tient à préciser que Rocky n’est plus le seul chien détecteur de punaises de lit en France, par contre c’est vrai qu’il arrive à détecter la moindre punaise! Pour plus d’informations sur le travail de Rocky, allez voir ses vidéos

Un grand merci à Caroline pour la retranscription!